Sport féminin : pourquoi est-il moins regardé ?

Les stades peinent à se remplir et les audiences télévisées restent modestes lorsqu’il s’agit de compétitions féminines. Pourtant, les performances des athlètes ne cessent d’impressionner et les records tombent les uns après les autres. Alors, pourquoi cet engouement moindre pour le sport féminin ?

Les préjugés persistants et la moindre médiatisation jouent un rôle clé dans cette désaffection. Les sponsors sont souvent frileux à l’idée d’investir dans des événements féminins, ce qui limite leur visibilité. Le manque de figures emblématiques et d’histoires marquantes dans les médias contribue à ce désintérêt.

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État des lieux de la médiatisation du sport féminin

Le sport féminin représente seulement 4,8% du total des retransmissions sportives à la télévision, contre 74,2% pour le sport masculin. Une disproportion flagrante qui s’explique par plusieurs facteurs.

Les chiffres de l’Arcom

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), anciennement CSA, a publié des rapports montrant cette inégalité de diffusion. Laurence Pécaut-Rivolier, membre de l’Arcom et présidente de la Protection des publics et diversité de la société française, a souligné la nécessité de rééquilibrer cette balance.

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Diffusion par les grandes chaînes

Les grandes chaînes comme France Télévisions, beIN Sports, Canal+ et L’Equipe diffusent du sport féminin, mais ces retransmissions restent marginales. Florent Houzot, directeur des antennes de beIN Sports, et Laurent-Eric Le Lay, directeur des sports de France Télévisions, reconnaissent la difficulté d’obtenir des créneaux de diffusion attractifs pour ces événements.

Le rôle des médias

Le manque de médiatisation du sport féminin ne se limite pas à la télévision. Les journaux et radios comme France Inter et France Info participent aussi à cette sous-exposition. Marc Las, rédacteur en chef de L’Équipe, admet que les contenus sportifs sont souvent axés sur le sport masculin, en raison d’une audience plus large et d’une demande publicitaire plus forte.

Quelques initiatives

Pour contrer cette tendance, des initiatives commencent à voir le jour. Par exemple, le média Tagaday a mené une étude détaillée sur la médiatisation du sport féminin, mettant en lumière les disparités et proposant des solutions pour une meilleure visibilité.

Facteurs historiques et culturels de la sous-exposition

L’histoire du sport féminin est marquée par des inégalités persistantes qui ont longtemps freiné sa médiatisation. Alice Milliat, figure emblématique de la lutte pour la reconnaissance des femmes dans le sport, a dû combattre pour que les compétitions féminines soient intégrées aux Jeux olympiques.

Absence de figures médiatiques historiques

L’absence de figures médiatiques historiques comparables à celles des hommes contribue à cette sous-exposition. Tandis que des noms comme Kylian Mbappé et Yannick Noah sont omniprésents, les exploits de Marie-José Pérec ou Jeannie Longo restent moins médiatisés. Cette invisibilité historique impacte la perception du sport féminin.

Modèles de diffusion

Les modèles de diffusion des compétitions sportives ont longtemps privilégié le sport masculin. Les compétitions féminines, même lorsqu’elles atteignent des niveaux de performance élevés, ont souvent été reléguées à des créneaux moins favorables. Considérez que les retransmissions des matchs de football féminin sont souvent programmées à des horaires moins attractifs, contrairement aux matchs masculins diffusés en prime time.

Perception culturelle et sociale

La perception culturelle et sociale joue aussi un rôle fondamental. Le sport féminin a souvent été perçu comme moins compétitif ou moins spectaculaire. Ce stéréotype persiste malgré les performances exceptionnelles de sportives comme Serena Williams ou Simone Biles. La société tend à valoriser davantage les sports pratiqués par les hommes, ce qui se reflète dans les choix éditoriaux des médias.

Initiatives récentes

Des initiatives récentes tentent de renverser cette tendance. Des médias comme Les Sportives et Women Sports se consacrent exclusivement à la promotion du sport féminin, offrant une visibilité accrue aux athlètes féminines. Des organisations comme Oxfam et des personnalités influentes telles que Megan Rapinoe militent pour une égalité de traitement médiatique entre les sexes.

Impact économique et commercial

L’économie du sport féminin souffre d’un déficit de valorisation par rapport au sport masculin. Selon un rapport de l’Arcom, seulement 4,8% des retransmissions sportives en France concernent des événements féminins, contre 74,2% pour les compétitions masculines.

Les droits de diffusion, majeurs pour la viabilité économique des sports, sont nettement moins élevés pour le sport féminin. Cette différence de valeur impacte directement les revenus des fédérations et des clubs. Pierre Maes, spécialiste des droits TV, souligne que les chaînes comme France Télévisions, beIN Sports et Canal+ investissent davantage dans les droits de diffusion des compétitions masculines, laissant le sport féminin sous-financé.

Les sponsors hésitent à investir dans un domaine perçu comme moins lucratif. Pourtant, des entreprises comme Orange et des organisations comme le Comité olympique et le Comité paralympique et sportif français montrent que le sponsoring sportif peut être un levier puissant pour améliorer la visibilité et la rentabilité du sport féminin.

• Orange : impliqué dans des campagnes de publicité visant à promouvoir le sport féminin.
• Comité olympique : organise des événements qui incluent de manière égale les compétitions féminines.
• Comité paralympique et sportif français : met en avant les athlètes féminines dans les Jeux paralympiques.

La communication audiovisuelle numérique offre aussi des opportunités. Les plateformes de streaming et les réseaux sociaux permettent aux sportives de toucher un public plus large et de diversifier leurs sources de revenus. L’UNESCO a d’ailleurs mis en lumière l’impact positif de ces nouvelles formes de diffusion sur le sponsoring sportif.

La valorisation du sport féminin passe par une meilleure régulation de la communication audiovisuelle et un engagement plus fort des médias et des marques.

Initiatives et solutions pour une meilleure visibilité

Pour remédier à la sous-exposition du sport féminin, plusieurs initiatives voient le jour. Le Comité national olympique et sportif français, avec Marie-Françoise Potereau à sa vice-présidence, mène des campagnes de promotion pour encourager la médiatisation des compétitions féminines. Roxana Maracineanu, ancienne ministre des Sports, a aussi souligné l’importance de cette démarche.

Les médias spécialisés jouent un rôle clé. Les magazines Les Sportives et Women Sports, dirigés par Mejdaline Mhiri, mettent en lumière les athlètes féminines et leurs performances. Ces publications offrent une couverture dédiée et soutiennent la reconnaissance des sportives dans le paysage médiatique.

Actions concrètes des fédérations

Les fédérations nationales et internationales prennent aussi des mesures pour améliorer la visibilité du sport féminin. Sous la présidence de Gianni Infantino, la FIFA a lancé des initiatives pour promouvoir le football féminin, notamment par l’organisation de compétitions internationales dédiées.

De même, la Fédération portugaise de football et la Fédération de football des États-Unis ont mis en place des stratégies de communication et de marketing ciblées pour attirer davantage de fans et de sponsors.

Des documentaires et des reportages réalisés par des personnalités comme Marie Lopez-Vivanco contribuent à sensibiliser le public et à valoriser les histoires inspirantes des sportives.

• FIFA : initiatives pour le football féminin.
• Fédération portugaise de football : stratégies de communication et marketing.
• Documentaires : réalisés par Marie Lopez-Vivanco.

Ces efforts combinés montrent la voie à suivre pour une médiatisation équitable et une reconnaissance accrue des athlètes féminines.